Mélusine la fée, ou femme à la queue de serpent…
Il s’agit d’un personnage féminin légendaire anguipède du Poitou, d’Alsace, de Lorraine, de Champagne, du Luxembourg et d’Allemagne souvent vue comme fée, et issue des contes populaires et chevaleresques du Moyen Âge. Mais ces origines seraient bien plus anciennes.
Une référence à une femme serpent est donnée à l’époque antique par Hérodote : « Héraclès serait arrivé dans la région qu’on appelle l’Hylaia ; là, il aurait trouvé dans un antre une jeune fille serpent formée de deux natures ; les parties supérieures de son corps, à partir des hanches, étaient d’une femme ; les parties inférieures, d’un reptile. Il la regarda avec étonnement ; puis il lui demanda si elle n’avait pas vu quelque part des cavales vagabondes. Elle répondit que c’était elle-même qui les avait et qu’elle ne les lui rendrait pas avant qu’il se fût uni à elle ; et Héraclès se serait uni à elle pour ce prix. »
— Hérodote, Histoire, Livre 4, Chapitre IX Histoire : Livre quatrième – Melpomène
Mélusine est une femme affligée d’une malédiction qui lui fait pousser une énorme queue de serpent à la place des jambes une fois par semaine, le samedi !
Mélusine d’origine galéique traverse la mer et les territoires, et arrive dans le Poitou. Elle y rencontre Raymondin, le neveu du comte de Poitiers. L’histoire retranscrite par Jean d’Arras dans Le Livre de Mélusine (1392), indique que Raymondin est charmé par Mélusine, qui lui promet de lui apporter la prospérité s’il l’épouse, à condition de s’engager à ne pas la voir le samedi. Ils se marièrent, et eurent dix fils.
La légende dit que Mélusine est à l’origine de la ville de Lusignan, dont elle fait de Raymondin le premier roi d’une grande lignée, mais aussi de Tiffauges et des abbayes de La Rochelle. La fée bâtit et distribue le pouvoir, organisant ainsi les frontières du pays.
Mais un jour, le frère de Raymondin, insinue que le samedi Mélusine se cache pour tromper son époux. Ce dernier décide alors de rejoindre la tour que sa femme avait construite pour s’y réfugier, et fait un trou dans la porte pour l’espionner. Et là le drame arrive, la malédiction sur la malédiction… En la découvrant mi femme-mi serpent, Raymondin renie la nature de Mélusine qui, démente, se jette par la fenêtre en poussant un hurlement de douleur. Elle se change entièrement en serpent géant, ou en dragon, et disparaît dans un cri surnaturel. La légende ajoute qu’elle continua à veiller sur sa descendance, et que lorsque l’un d’eux était sur le point de mourir,c’était son cri que l’on entendait percer la nuit.
Voici mon interprétation de Mélusine la fée-serpent. J’ai décidé de lui faire porter une pierre couleur rubis au centre de son front afin de la rapprocher d’une créature médiévale de mon folklore bourguignon. En Bourgogne, il y a un certain nombre de vouivres, des vouivres des engoulants qui sont plutôt une sorte de dragon ailé mi-serpent donc sans patte… Mais je ne parle pas ici de ces vouivres mais de celle de la légende de la Combe à la Serpent, datant du Xème siècle après Jésus Christ. Le site de la Combe, alors couvert de forêt, était selon la légende hanté par une « vouivre » femme serpent… Plus prosaïquement, on peut penser que le lieu aurait abrité, pendant un temps, de nombreux serpents. La Vouivre de la Combe à la Serpent (combe toute proche de Dijon), qui nichait dans un gros rocher en forme de proue à l’entrée de la Combe, allait se baigner à Dijon à la Fontaine Sainte Anne ou à la Fontaine d’Ouche (selon les sources). Cette vouivre femme-serpent, est un équivalent de la Mélusine en somme. Elle porte au milieu de son front une pierre précieuse (escarboucle) dont l’éclat est aveuglant, mais qui porte bonheur à celui qui parviendrait à lui dérober. Pour cela, il n’y a que deux solutions : débusquer la vouivre et la vaincre ou la suivre sans se faire repérer jusqu’à ce qu’elle se baigne ; la vouivre étant obligée d’enlever son escarboucle pour se laver ou se rafraîchir. Lorsqu’elle retire cette pierre, elle se transforme en une réelle splendide jeune femme, mais attention ! Une fois l’escarboucle enlevée, tous ses sens sont aiguisés et elle détecte immédiatement quiconque toucherait son précieux joyaux ; elle redevient alors mi-serpent, et traque avec férocité son voleur…

Mon interprétation de Mélusine a été imaginée pour le SC&More 512 d’Isablle Kessedjian sur le thème « Écailles ».
Très jolie et mystérieuse comme il se doit !
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Merci beaucoup Marjolaine. Une part de mystère effectivement 😉
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Qu’elle est belle!!! 🙂 bravo Stella et merci pour toutes ces légendes!
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Merci Annie 🙂 Allier les légendes à la création, c’est très stimulant. Et on fait un peu d’histoire au passage, j’adore 😉
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Elle est aussi belle qu’une sirène!
Merci pour cette belle découverte interprétée avec ton talent Stella
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Merci Sabrina. C’est vrai que c’est un peu une sirène, mais avec le côté reptile plutôt que poisson 🙂
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J’aime l’histoire mythologique autour du personnage. Cela la rend plus mystérieuse et unique en son genre! =)
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Merci beaucoup. Moi aussi j’aime les personnages ou êtres mystérieux et uniques 🙂 Et les mythologies en sont pleines 🙂 On peut jouer sur son propre imaginaire et façonner l’iconographie qui nous parle, pour en faire un pur sujet de créativité.
Je voulais réaliser un clin d’œil à un personnage qui fasse également référence à mon folklore régional, et le thème « écailles » des SC&More tombait à pic 😉
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C’est excellent! Bien hâte de lire et de voir ce que vous allez nous proposer d’autres! J’ai étudié les Lettres Classiques et suis super intéressée par les mythologies! 🙂
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Merci beaucoup 🙂 Cela m’inspire également, ayant étudié l’histoire de l’art, alors j’y travaille 😉 J’ai plein d »idée en tête…
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adorable
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Merci Dane.
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J’aime beaucoup !
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Merci Isabelle 🙂 Ravie qu’elle te plaise !
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